Contexte
Lutter contre l'exclusion scolaire est aussi un enjeu de vie
MBUYA , KAMPALA (OUGANDA)
Selon l’UNICEF, 52 millions d’enfants vivant en Afrique subsaharienne sont orphelins, dont 15,2 millions de parents décédés du Sida. Au cours de la dernière décennie, la proportion d’enfants orphelins du sida est passée de 3.5% à 32%.
La Zambie est l’un des pays les plus pauvres, avec 87% de ses 15,06 millions d’habitants vivant au-dessous du seuil de pauvreté. La mortalité (principalement due au sida, à la tuberculose et à la malaria) touche durement les enfants en général. Les orphelins sont particulièrement vulnérables face aux problèmes de santé, de nutrition, de violence et d’exploitation. En cas de maladie, la majorité des familles n’a guère accès aux soins et aux services sociaux, trop chers ou inexistants. Elles réduisent alors leur consommation alimentaire, leurs dépenses de base et vendent leurs biens afin de se procurer des médicaments. Parfois aussi les dispensaires sont trop éloignés du lieu d’habitation. Les filles sont souvent retirées de l’école pour s’occuper des malades. En Ouganda 30% des enfants accusent un retard de croissance dû à la malnutrition. |
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Les enfants sont doublement victimes, puisqu’ils ne peuvent aller à l’école que ponctuellement ou pas du tout, du fait de la précarité de leur situation. Certains, très jeunes, deviennent enfants des rues dans les grandes villes, vivant parfois en groupes, à la recherche de nourriture, mais sont aussi à la merci de la petite criminalité, de la drogue, d’abus sexuels ou alors sont enrôlés comme enfants-soldats, mercenaires dans les guerres civiles qui ravagent certaines régions. La marginalisation qui conduit à cette situation induit aussi l’apparition d’autres maladies, notamment la malaria et la tuberculose. Certains enfants n’ont pas accès à l’éducation parce qu'ils travaillent, souvent dans des situations dangereuses comme casser des cailloux dans une carrière.
Le système scolaire
Il a été démontré qu’un enfant qui abandonne l’école a trois fois plus de risque de devenir séropositif qu’un enfant qui achève sa scolarité.
L’école primaire est en principe gratuite, mais les familles doivent contribuer à l’entretien des bâtiments. Les classes de 80 élèves laissent très peu de chance aux enfants d’apprendre et de réussir les examens d’accès au secondaire. D’autres écoles semi publiques sont mieux dotées, mais l’écolage y est très cher. Le matériel scolaire et les livres doivent être payés par les familles; toutes les écoles secondaires et les universités sont payantes. La scolarisation des filles est encore plus aléatoire et pour en assumer les frais, certaines jeunes filles vont jusqu’à se prostituer, courant le risque d’une grossesse, de contracter une maladie sexuellement transmissible ou le Sida. Si elles tombent enceintes ou malades, elles arrêtent l’école et fuient leur famille. L’école joue un rôle vital dans le développement cognitif et affectif des enfants vulnérables : elle est un lieu structuré qui permet d’acquérir non seulement des connaissances générales élémentaires, mais qui permet aussi de faire de la prévention sur le VIH/SIDA. Elle est aussi un lieu sécurisé où les enseignants offrent un soutien sur le plan émotionnel important dans le développement psychosocial dont cette catégorie d’enfants a particulièrement besoin. |
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